En tant que mode de consommation d’une drogue, le terme « inhalation » est, le plus souvent, utilisé pour désigner l’absorption d’une substance par voie pulmonaire.
Usage du terme
Dans un champ plus général, l’inhalation est définie, selon les sources, comme la pénétration (active ou passive) ou comme l’absorption d’une substance par les voies respiratoires. Par extension, le verbe inhaler est souvent employé en langage plus courant comme un synonyme de « inspirer ».
En théorie, le sniff (inspiration par le nez d’une substance présentée sous forme de poudre, suivie d’une absorption par la muqueuse nasale) est donc une inhalation et il sert fréquemment d’exemple dans les définitions générales de « inhalation ».
En pratique, dans le champ des usages de drogues, on parle plus souvent d’inhalation lorsqu’un produit sous forme de fumée, de vapeur, de gaz, etc. est inspiré, généralement par la bouche, jusqu’aux poumons et absorbé au niveau des alvéoles pulmonaires. Cette terminologie permet en effet, de différencier ce mode de consommation du sniff, qui ne possède pas les même propriétés (effets, risques…).
Différentes formes d’inhalation
Les substances naturellement volatiles (colles, solvants comme l’éther, poppers) ou sous forme gazeuse (protoxyde d’azote, par exemple) peuvent être inhalées à froid avec certains modes d’usage spécifiques à certains produits : ballon pour le protoxyde d’azote, inhalation directe à la sortie du flacon pour le poppers, éventuellement la tête placée dans un sac pour les substances volatiles, pratique particulièrement dangereuse et peu utilisée en France.
Les autres substances doivent être chauffées (inhalation à chaud). La nature du produit à inhaler dépend de la méthode utilisée. Il faut surtout distinguer l’inhalation de fumée (combustion), de l’inhalation de vapeur (ou d’un aérosol dans le cas de la cigarette électronique) sans combustion.
- La fumée est issue de la combustion du produit. La combustion, quel que soit le produit consommé, ajoute la toxicité des substances qui en sont issues aux risques liés spécifiquement au produit (voir le terme « Fumer »). C’est le mode d’usage courant du tabac et du cannabis (joint, cigarette, narguilé, chicha …).
- La vapeur résulte du chauffage d’une substance jusqu’à ce qu’elle atteigne l’état de vapeur (les molécules actives elles-mêmes sont sous forme de vapeur) sans atteindre la température de combustion (la température de vaporisation doit donc être significativement inférieure à celle de combustion). C’est le mode d’usage qui correspond à la méthode de la chasse au dragon dite, à tort, « voie fumée » (potentiellement utilisée pour l’héroïne, pour certains stimulants synthétiques, pour la cocaïne basée), à l’usage d’une pipe à crack (cocaïne basée, cannabis…) ou à celui d’un vaporisateur pour le cannabis….
Dans le cas de la e-cigarette, la substance inhalée est un aérosol où les molécules actives se trouvent sous forme de particules en suspension dans un gaz. L’aérosol est obtenu par « atomisation » de e-liquides qui peuvent contenir, ou non, des molécules psychoactives (nicotine ou THC, le principe actif du cannabis). Dans les deux cas (vapeur et aérosol), il n’y a pas d’inhalation de produits de combustion (voir le terme « fumer »).
Propriétés et risques de cette voie d’absorption
Le passage dans le sang au niveau des alvéoles pulmonaires et l’arrivée des substances au cerveau sont rapides. Les effets des substances volatiles ou gazeuses sont quasiment instantanés mais également très courts (moins de 5 mn), pouvant inciter à répéter les prises. Les effets de l’inhalation de cocaïne basée (ou crack) sont décalés en moyenne de quelques secondes et durent de 5 à 10 mn environ (modulation possible selon la manière d’inhaler), entrainant une envie très rapide de reconsommer qui peut conduire à des consommations compulsives. Les effets de l’héroïne sont également presque immédiats mais sont durables (4h à 6h).
Par rapport à l’injection (pour les produits concernés), l’inhalation de vapeur entraine un effet aussi puissant que l’injection (high ou flash) et parfois particulièrement violent (cocaïne basée). L’inhalation permet de réduire une grande part des risques liés spécifiquement à l’injection, notamment la détérioration des veines et les contaminations virales ou bactériennes (voir injection, chasse au dragon).
Un risque, faible, de contamination par le VHC est toujours possible si des usagers partagent du matériel en contact avec la bouche (tube dans le cas de la chasse au dragon, embout de la pipe à crack). Le risque de surdose existe mais il est minoré par la possibilité de moduler la quantité inhalée en fonction de l’intensité de l’effet, ce qui n’est pas possible lorsque le produit a été injecté.
C’est pourquoi, l’abandon de l’injection (par les usagers injecteurs ou susceptibles de le devenir) pour la voie dite (à tort) « fumée » est encouragée par les professionnels de la réduction des risques et des dommages (RdRD). Par contre, les risques directement liés au produit persistent (dépendance, toxicité sur l’organisme…).
L’absorption par inhalation présente des risques d’altération des voies pulmonaires (inflammation, expectorations sanglantes…), généralement en cas d’usage répété, variables selon les produits. L’inhalation de cocaïne basée peut entrainer en particulier des traumatismes liés à la rupture des alvéoles pulmonaires lors de l’utilisation de certaines manœuvres respiratoires destinées à augmenter la pression d’air dans le poumon.