L’alcool demeure la drogue la plus consommée en France
L’alcool demeure la drogue la plus consommée en France, avec huit millions de personnes en consommant au moins trois fois par semaine. Les troubles liés à l’usage d’alcool représentent la moitié des prises en charge dans les structures de soins spécialisés en addictologie et en réduction des risques, avec 595 000 hospitalisations dont le diagnostic principal est lié à l’alcool, en 2023. Afin de mieux décrire les stratégies de prise en charge, l’OFDT a mené, entre 2022 et 2024, une étude qualitative sur les trajectoires de consommation et le recours aux soins liés à l’alcool — Tupsalco — visant, notamment à comparer les perspectives des professionnels et des patients.
Les différents intervenants dans la trajectoire d’accompagnement
Le numéro 167 de Tendances analyse les récits de 33 patients recrutés dans des espaces de soin : microstructures médicales addictions, services d’hospitalisation pour sevrage, services médicaux et de réadaptation (SMR) ou hôpitaux de jour (HDJ). Ils ont été interrogés rétrospectivement sur leur parcours de consommation, leur expérience avec les différents dispositifs de soins (médecine générale, soins spécialisés, psychiatrie, hôpital général), ainsi que sur leur perception de l'accompagnement reçu.
Des trajectoires de soins complexes
Ces entretiens qualitatifs livrent des informations précieuses sur l’expérience et la perception des patients concernant l'implication de la médecine de ville, de la médecine du travail, du secteur médico-social et du monde hospitalier dans la gestion de la dépendance et ils mettent en lumière la complexité des parcours de soins. Ainsi, le médecin traitant et les centres de soins de prévention et d’accompagnement en addictologie (CSAPA) constituent des repères durables bien identifiés par les patients. Ce sont souvent eux qui orientent vers l’hospitalisation pour sevrage, mais aussi les médecins du travail et les services d’urgence. L’hospitalisation est par ailleurs appréhendée comme un temps de mise à distance de l’alcool, omniprésent dans la vie en société. Les entretiens témoignent néanmoins de la diversité des appuis pour se détacher de l’alcool, dont la participation aux groupes d’autosupport, certains ateliers collectifs et, de manière générale, la diversification d’activités.
La maladie alcoolique et l’abstinence
Enfin, elle révèle des parcours personnels complexes, invitant à réviser la notion de « sortie d’une addiction », encore communément envisagée comme une entrée dans l’abstinence promue par les usagers eux-mêmes, sans toutefois réussir à la maintenir. La « sortie » apparaît alors, pour beaucoup d’entre eux, comme un processus à l’issue incertaine.