Dans un contexte où le secteur économique des jeux d’argent et de hasard (JAH) s’est fortement développé depuis l’ouverture à la concurrence du marché des jeux en ligne en 2010, l’OFDT publie les dernières données sur les pratiques de jeux d’argent et de hasard à 17 ans, en explorant ces grandes évolutions intervenues au cours de la décennie 2011-2022. Ces résultats sont issus de l’enquête ESCAPAD qui, en lien avec la Direction du service national et de la jeunesse (DSNJ) du ministère des Armées, a interrogé en mars 2022 plus de 23 700 jeunes de 17 ans participant à la journée défense et citoyenneté (JDC), sur leur état de santé, leurs consommations de produits psychoactives et leurs conduites addictives. Au total, 7 532 d’entre eux ont été interrogés sur leur pratique de JAH.
Tendancesn°157 permet donc de mesurer l’évolution des pratiques de JAH à 17 ans entre 2011 et 2022, dans un contexte où il est légalement interdit aux mineurs de jouer à tous les types de JAH. En 2022,plus d’un quart des jeunes de 17 ans a joué à un JAH au cours de l’année et 4 % y a joué de façon hebdomadaire. Ces pratiques sont en baisse par rapport à 2017. Cependant, le recours à Internet a quasiment doublé depuis 2011. De plus, 22 % des joueurs à 17 ans déclarent avoir déjà rejoué pour recouvrer leurs pertes, et environ 1 joueur sur 10 présente des caractéristiques de jeu problématique qui pourraient nécessiter une évaluation clinique.
Une baisse globale des pratiques de JAH à 17 ans qui masque des situations contrastées
27,5 % des 17 ans interrogés en 2022 ont déclaré avoir déjà joué à un JAH au cours des douze derniers mois, contre 39 % en 2017 comme en 2011.
4,0 % ont dit avoir joué au moins une fois par semaine, contre 10 % en 2017. Parmi ces pratiques de jeux, ceux de loterie constituent la première catégorie de jeux pratiqués à 17 ans (20,2 %), devant les pronostics sportifs (11,9 %) et les jeux de casinos (5,1 %).
Néanmoins, à l’image des consommations de substances psychoactives (Voir Tendances n°155 en bas de page) , les pratiques de JAH à 17 ans concernent davantage les garçons que les filles, en particulier pour les pronostics sportifs. Les jeunes en apprentissage et sortis du système scolaire sont également davantage concernés comparativement à ceux qui sont dans le système scolaire.
Par ailleurs, la part des joueurs jouant généralement sur internet a quasiment doublé entre 2011 et 2022, passant de 14,7 % à 27,9 %.
Une prévalence stable du jeu problématique parmi les joueurs à 17 ans
Parmi les joueurs de 17 ans (i.e. qui ont joué au moins une fois au cours des 12 derniers mois), près d’1 joueur sur 10 (8,8 %) présente un score évocateur de jeu problématique, dont 7,5 % un risque modéré et 1,3 % un risque excessif. Cette répartition des joueurs selon leur intensité de jeu problématique apparaît stable entre 2017 et 2022. Parmi les comportements à risque explorés à travers les 9 dimensions de l’ICJE, le fait de rejouer pour recouvrer ses pertes est le critère risque le plus fréquemment rapporté par les joueurs (21,9 % des joueurs en 2022).
Les garçons jouant aux JAH sont sensiblement plus touchés que les filles par le jeu problématique : 59,4 % des garçons sont classés sans risque contre 86,5 % des filles. La fréquence de jeux augmente nettement le risque d’une pratique problématique : un joueur quotidien sur cinq (21 %) est à risque élevé, contre moins de 2 % parmi ceux jouant une fois par semaine.
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