« Antalgique » et « analgésique » sont pratiquement toujours employés comme des synonymes. En thérapeutique, ils désignent des médicaments qui suppriment ou atténuent la douleur.
Le classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), initialement développé en 1986 pour les douleurs cancéreuses, puis étendu aux autres douleurs, constitue actuellement la référence au niveau international. Ce classement considère 3 classes d’antalgiques à utiliser par pallier, en fonction de l’intensité de la douleur.
- Pallier I : les antalgiques non opioïdes (encore souvent désignés comme non morphiniques). Ils sont aussi qualifiés de périphériques, car ils agissent sur le lieu de la douleur. Ils incluent actuellement (2023) le paracétamol, l’aspirine, tous deux également antipyrétiques (lutte contre la fièvre) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), utilisés contre certaines douleurs.
- Pallier II : les antalgiques opioïdes (anciennement morphiniques) faibles (ou mineurs). Tous les antalgiques opioïdes sont qualifiés de centraux, car ils agissent au niveau cérébral. Les opioïdes faibles sont principalement ceux qui contiennent de la codéine (associée le plus souvent au paracétamol) et le tramadol, parfois de la poudre d’opium.
- Pallier III : les antalgiques opioïdes forts ou majeurs (anciennement morphiniques) sont principalement la morphine, le fentanyl, l’hydromorphone et l’oxycodone.
Une autre classification des anti-douleurs, publiée en 2010 (Beaulieu et al., 2010), est également utilisée en pratique. Elle répond aux limites de la classification OMS, rencontrées dans la lutte contre la douleur : développée pour des douleurs dites « nociceptives » (du fait de leur mécanisme d’apparition), elle apparait inadaptée à d’autres mécanismes de la douleurs (douleurs d’origine neuropathiques surtout). Le modèle des paliers correspondant à l’intensité de la douleur favoriserait l’escalade thérapeutique. Cette nouvelle classification est fondée sur ces différents mécanismes de la douleur et inclut dans les réponses thérapeutiques spécifiques à chacune, les médicaments antalgiques, mais aussi les médicaments utiles mais développés pour d’autres indications (par exemple médicaments antispastiques).
Les médicaments antalgiques opioïdes sont à l’origine de dépendance, voire d’addiction. Contrairement aux idées reçues, les opioïdes de pallier II ne sont pas moins addictogènes que ceux des palliers III.
Référence : Pierre Beaulieu, David Lussier, Franck Porreca, Anthony Dickenson (Dir.). Pharmacology of Pain. International Association for the Study of Pain (IASP), pp. 622, 2010. ⟨hal-00661449⟩