Protoxyde d’azote

Le protoxyde d’azote, communément appelé « gaz hilarant » ou « proto », est un gaz qui est détourné de ses usages habituels pour être consommé en tant que substance psychoactive, en raison de la brève et intense euphorie que son inhalation provoque.

Le protoxyde d’alcool (N2O) est incolore et presque inodore (légère odeur sucrée). Dans la classification commune des substances psychotropes, il est classé parmi les produits à inhaler.

Dans le champ médical, le protoxyde d’azote est utilisé en mélange avec un volume équivalent d’oxygène pour ses effets anesthésiants (faibles) et analgésiques. Il sert aussi dans divers secteurs de l’industrie, en particulier comme comburant (c’est-à-dire qu’il favorise la combustion de matériaux inflammables). Dans l’industrie alimentaire, il est utilisé pour faire de la crème fouettée, des mousses… Il est présent comme gaz propulseur dans des produits d’utilisation courante, en particulier les siphons à crème chantilly.

Le N2O est conditionné sous forme liquide à forte pression et gèle lorsqu’il est libéré (-40°C à -55°C).

Il est très accessible sous la forme de petites cartouches (ou capsules) métalliques vendues en grandes surfaces, en magasins spécialisés dans la vente d’articles culinaires ou bien sur des sites de vente en ligne, chacune contenant 8 g de N2O et libérant environ 4 litres de gaz. Cette vente est régulée depuis 2021 (voir ci-dessous). Des bouteilles plus volumineuses peuvent parfois être détournées de leur finalités médicales ou industrielles mais depuis la fin des années 2010 le protoxyde d’azote est surtout acheté en ligne sur des sites spécialisés domiciliés à l’étranger, conditionné dans des contenants de gros volumes (bonbonne) ou de très gros volume (réservoir, tank). Il peut être acheté en très grande quantité par des réseaux qui vont assurer une revente sur le territoire national.

Le protoxyde d’azote fait l’objet d’un usage récréatif qui a connu une croissance et une visibilité importante à partir de la fin des années 2010, principalement chez les jeunes (adolescents, étudiants et jeunes adultes). La pratique est de transférer le gaz dans un ballon directement placé à la sortie du contenant et d’inspirer ensuite le gaz contenu dans ce ballon. Une cartouche correspond en général à un ballon, mais celui-ci est parfois davantage remplis.

Règlementation

Depuis le 1er juin 2021, le N2O est interdit de vente aux mineurs et interdit de vente pour tous dans les bars, discothèques, débits de boissons temporaires (foires, fêtes publiques...) et dans les bureaux de tabac. Depuis le 1er janvier 2024, la vente aux particuliers est limitée à une quantité de dix cartouches dont le poids individuel ne doit pas excéder 8,6 g. Aucun autre conditionnement ne peut être vendu ou distribué aux particuliers. La vente et la distribution d’accessoires facilitant la consommation (crackers et ballons dédiés à cet usage) sont également interdites.

Effets et risques

Le protoxyde d’azote est absorbé par les alvéoles pulmonaires et parvient quasi immédiatement au cerveau, il n’est pas métabolisé (transformé) et il est éliminé tel quel par les poumons. L’effet atteint un pic au bout de 10 à 30 secondes et dure un peu plus d’une minute (1 à 5 mn). Il comporte une euphorie, une sensation de relaxation ou de calme, une désorientation temporo-spatiale, des illusions sensorielles ou une brève impression de dissociation.

Les effets indésirables les plus courants sont des vertiges, des céphalées (maux de tête), des nausées, des pertes de coordination, d’équilibre ou de brefs évanouissements. Ils peuvent durer jusqu‘à 30 minutes après la prise. Leur fréquence et leur intensité varient avec la dose et avec la fréquence de consommation.

Les risques les plus sérieux d’une consommation aigüe (également doses-dépendants) sont les chutes et éventuels accidents liés aux troubles de l’équilibre et de la coordination et aux pertes de connaissance, les brulures aux mains lors de la sortie du gaz comprimé, et à toutes les partie du circuit respiratoire si le gaz est directement consommé à partir du contenant dans lequel il est conditionné (lèvres, nez et jusqu’aux poumons selon la pression du gaz), une asphyxie par manque d’oxygène dans le gaz respiré (consommation dans un véhicule par exemple) pouvant entrainer une perte de conscience, des lésions pulmonaires par surpression dans les très rares cas où le gaz est inhalé directement à partir des contenants de stockage volumineux, vomissement vers les poumons par fausse-route, notamment en cas de baisse de la vigilance. Les décès sont très rares mais peuvent être consécutifs à plusieurs de ces complications. Fumer à proximité du N2O entraine des risques d’incendie.

L’association avec d’autres substances psychoactives peut réduire la conscience des quantités de N2O consommées. L’association avec d’autres sédatifs (alcool, benzodiazépines, opioïdes) augmente les risques de perte de conscience et de dépression respiratoire.

Les risques liés aux usages chroniques et/ou intensifs

Depuis la fin des années 2010, des usages qui restent rares en dehors des temps festifs ont été observés : usages répétés de manière rapprochée dans le temps, parfois quotidiennement, et/ou consommations de très fortes doses (par exemple 50 à plus de 100 ballons en une session ou de manière régulière). Les usages réguliers et/ou intensifs concernent essentiellement des adultes. Le déficit en vitamine B12 découlant de son inactivation par le N2O joue un rôle important, mais pas unique, dans l’apparition de complications. Les plus fréquentes sont liées à l’effet neurotoxique du N2O au niveau du cerveau, de la moelle épinière et du système nerveux périphérique qui peuvent être irréversibles : fourmillement et engourdissement durables des mains et des pieds, trouble de l’équilibre, de la marche, manifestations psychiatriques très diverses (troubles de l’humeur, épisodes psychotiques), anémie. La répétition des épisodes d’hypoxie (manque d’oxygène dans le sang) peut entrainer des déficits cognitifs (troubles de la concentration, de la mémoire, des apprentissages…).

Les troubles de l’usage sont encore mal caractérisés. Les usage chroniques peuvent entrainer une dépendance et des pertes de contrôle par certains usagers qui évoquent clairement une addiction.