Bien qu’encore très largement utilisé comme synonyme d’addiction, le terme « toxicomanie » correspond à une conception obsolète des troubles de l’usage de substances psychoactives.
L’apparition vers la fin du XIXème siècle du mot « toxicomanie » (construit sur le même modèle qu’« alcoolisme ») pour remplacer des termes comme « morphinisme » marque l’identification de la composante psycho-comportementale de la maladie qui persiste après le sevrage sous la forme d’impulsions récurrentes à reconsommer.
La toxicomanie devient une pathologie psychiatrique dont la cause repose alors essentiellement sur les individus. La toxicomanie concerne uniquement les produits illicites, le tabac ou l’alcool n’étant pas encore considérés comme « des drogues ». Au début des années 1980, est affirmé la dimension multifactorielle de la toxicomanie (individu, produit, contexte socio-culturel) et celle-ci est perçue comme un processus progressif et fluctuant et non plus comme un état statique de l’individu. À partir des années 1960, on parle également de dépendance physique et de dépendance psychique, avant que le vocable « addiction » n’émerge, en particulier pour marquer clairement que la dépendance psychique ne découle pas de l’effet physiologique du produit, contrairement à la dépendance dite « physique ».
Les appellations « toxicomanie » et « toxicomane » ne font plus partie ni du langage scientifique, ni, le plus souvent, de celui utilisé par les professionnels du champ de l’addiction. Cependant, ces termes et les représentations souvent erronées et stigmatisantes qui s’y attachent, continuent à être très largement employés en dehors de ces sphères (services administratifs, média, grand public notamment).