Présentation
Le tabac est une plante dont les feuilles, après séchage, sont mises à fermenter pour obtenir un goût spécifique. Il est proposé à la consommation sous forme de cigarettes, cigares, en vrac, à rouler ou pour la pipe, et à chiquer.
Le tabac contient de la nicotine, qui possède un effet « éveillant », anxiolytique et coupe-faim. Les produits du tabac sont composés d'additifs (agents de saveur et de texture). La combustion de la feuille de tabac crée de nouveaux composants (monoxyde de carbone, goudrons...), nocifs pour la santé. Si plusieurs milliers de substances sont identifiées dans la fumée du tabac, seule une dizaine d’entre elles présentent des doses physiologiquement actives : nicotine, monoxyde de carbone, oxydes d’azote, goudrons, etc.
Production/offre
Les volumes de tabac vendus se décomposent en trois ensembles : les achats domestiques légaux (dans le réseau des buralistes) ; les achats non domestiques légaux (dans un autre pays ou en duty free) ; et les achats illégaux. Seuls les achats domestiques légaux font l’objet d’un suivi régulier par la déclaration aux douanes des livraisons aux débitants de France hexagonale. Ils constituent la majeure partie du marché du tabac.
Offre dans le réseau des buralistes
Il existe une quarantaine de distributeurs des produits du tabac en France, le principal et le plus connu restant Logista France qui distribue les marques des plus grands « cigarettiers ». Les autres distributeurs sont généralement spécialisés dans la distribution de tabac à pipe ou de cigares. La vente au détail des produits du tabac est régulée par l'administration des Douanes. Cette dernière est ainsi en situation de contrôle concernant la vente des produits du tabac, fondant son réseau sur les quelque 23 000 débitants de tabac présents en France hexagonale.
Depuis 15 ans, les ventes totales de tabac déclinent en France, passant de 65 728 tonnes en 2006 à 37 120 tonnes en 2023. Cette tendance marquée traduit la forte baisse du tabagisme observée en France depuis plus d’une décennie et qui s’inscrit dans un contexte général de lutte contre le tabagisme (campagnes d'information, avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes, paquet neutre standardisé, interdiction de vente aux mineurs, hausses successives des prix, etc.).
Offre hors réseau des buralistes
On estime actuellement qu’une cigarette sur cinq consommée en France serait achetée dans un pays étranger limitrophe. Ces achats transfrontaliers sont motivés par l’écart avec les prix français. Cette tendance est confirmée par l’observation de la baisse des volumes par départements, qui est de 8,1 % dans les départements frontaliers et de 4,8 % dans les départements non-frontaliers en 2023.
Les achats légaux (domestiques dans le réseau des buralistes, non-domestiques à l’étranger et en duty free) restent le mode d’approvisionnement le plus répandu, notamment pour les cigarettes. La proportion d’achats dans la rue ne semble pas avoir augmenté de façon significative ces dernières années lorsque l’on interroge sur le lieu du dernier approvisionnement dans les enquêtes sur les comportements d’achats (0,1 % en 2014, 0,5 % en 2017 et 0,4 % en 2018, 0,8 % en 2021).
Consommation en population adolescente
Parmi les collégiens et lycéens
En 2022, l’expérimentation de cigarettes concerne un peu plus de un collégien sur dix (11,4 %), avec une augmentation forte entre les niveaux (de 4,6 % en classe de 6e à 18,8 % en classe de 3e) Ce niveau d’expérimentation a diminué de près de moitié entre 2018 et 2022. La consommation récente (au moins un usage au cours du mois) et la consommation quotidienne ont suivi une évolution similaire. Elles concernent respectivement 4,8 % et 0,9 % des collégiens en 2022.
En 2022, l’expérimentation de la cigarette amorcée au collège se généralise au lycée et concerne 34 % des lycéens (passant de 30,0 % d’initiés en 2de pour atteindre 38,5 % en terminale). L’usage quotidien concerne 6,2 % des lycéens, avec là encore une augmentation continue entre la 2de (4,8 %) et la terminale (8,2 %). À l’instar de l’évolution des niveaux d’usages au collège, la majorité des niveaux d’usages au lycée ont connu une baisse entre 2018 et 2022. Le niveau d’expérimentation a perdu près de 20 points (34,0 % en 2022 vs 53,0 % en 2018), l’usage récent a chuté de 8 points, passant de 27,3 % à 19,6 %, tandis que la consommation quotidienne a été divisée par trois (6,2 % vs 17,5 %).
À 17 ans
En 2022, les niveaux d’usage de tabac chez les jeunes de 17 ans sont les plus bas mesurés depuis deux décennies. Près d’un jeune de 17 ans sur trois (25,1 %) déclare avoir consommé du tabac au cours des trente derniers jours, soit une baisse de 18,7 points par rapport à 2014. L'usage quotidien a fortement diminué entre 2017 et 2022 (15,6 % contre 25,1 %), avec une légère prédominance masculine (14,2 % parmi les filles, 17,0 % parmi les garçons).
Les niveaux d’usage sont variables selon les régions : les jeunes vivant en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, par exemple, sont moins concernés par l’expérimentation, l’usage récent et l’usage quotidien de tabac, tandis que ceux des régions de la façade ouest le sont davantage. Ces écarts entre régions sont parfois importants : l’expérimentation du tabac varie de 38,2 % en Île-de-France à 54,4 % en Bretagne, l’usage quotidien variant de 11,6 % en Île-de-France à 20,1 % en Nouvelle-Aquitaine.
En comparaison avec les autres pays européens
Les enquêtes internationales Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), et l’European School Survey Project on Alcohol and other Drugs (ESPAD) permettent de situer la France par rapport à la plupart des autres pays européens pour les jeunes âgés de 11, 13, 15 et 16 ans. Parmi ces derniers, le tabagisme quotidien a été, notamment, divisé par deux en 20 ans, passant de 31 % en 1999 à 12 % en 2019. Cette diminution constante de la consommation de cigarettes s’inscrit dans une tendance majoritaire en Europe. Cette baisse du tabagisme constitue l’évolution la plus remarquable parmi l’ensemble des usages de substances psychoactives observés depuis un quart de siècle chez les adolescents.
Consommation en population adulte
Après une baisse importante du tabagisme quotidien entre 2014 et 2019, les résultats du Baromètre de Santé publique France et de l’Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP) de l’OFDT montrent une stabilisation de la prévalence du tabagisme. Entre 2021 et 2023, le tabagisme quotidien diminue (prévalence la plus faible jamais enregistrée depuis que cet indicateur existe), alors que le tabagisme occasionnel a quant à lui augmenté.
En 2023, en France hexagonale, plus de 3 personnes de 18-75 ans sur 10 déclaraient fumer (31,1 %) et un quart déclaraient fumer quotidiennement (23,1 %). La prévalence du tabagisme quotidien reste supérieure parmi les hommes (25,4 % contre 20,9 % parmi les femmes).
Les inégalités sociales en matière de tabagisme sont très marquées, avec 12 points d’écart de prévalence du tabagisme quotidien entre les plus bas et les plus hauts revenus (28,9 % versus 17,3 %), écart observé également selon le niveau de diplôme ou selon la situation professionnelle (personnes au chômage versus actifs occupés).
En comparaison avec les pays de l’OCDE
Au sein des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 15,9 % des personnes âgées de 15 ans et plus fumaient quotidiennement en 2021. Les niveaux de tabagisme variaient, en 2021, de plus de 25 % en France et en Turquie, à moins de 10 % en Islande, au Costa Rica, en Norvège, au Mexique, au Canada, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Suède.
Conséquences
L'ensemble des composants du tabac agit en particulier sur :
- la fonction vasculaire : le tabac augmente la pression artérielle, accélère le rythme cardiaque et détériore les artères. Les risques coronariens et les décès par infarctus du myocarde sont deux fois plus élevés chez les fumeurs ;
- la fonction respiratoire : les fumeurs s'exposent à des troubles au niveau de tout l'appareil respiratoire, notamment au risque de bronchite chronique et au risque de cancer du poumon ;
- la fonction digestive : la nicotine augmente la sécrétion des acides gastriques.
Le tabac limite l'apport d'oxygène au cerveau et aux muscles. Il est responsable de maux de tête, de vertiges et d'une diminution de la résistance à l'exercice. La dépendance est confirmée chez la plupart des fumeurs, avec une sensation de manque à l'arrêt (tension, nervosité, irritabilité, angoisse voire dépression).
En 2015, le nombre annuel de décès attribuables au tabagisme est estimé à environ 75 000 (principalement par cancer). Entre 2000 et 2015, la part des décès attribuables semble s'infléchir à la baisse au cours du temps pour les hommes alors que cette même proportion chez les femmes augmente de façon continue de plus de 5 % par an en moyenne (Santé publique France).
Prise en charge
Les sevrages tabagiques effectués avec l’aide d’un professionnel du soin s’effectuent le plus souvent en médecine de ville. La question de la prise en charge du tabagisme peut aussi être observée à partir des chiffres de ventes de traitements pour l'aide au sevrage (substituts nicotiniques sous formes de timbres transdermiques ou sous formes orales, Zyban® et Champix®).
Les ventes ont augmenté fortement ces dernières années par leur remboursement qui n’est plus forfaitaire mais selon un régime de droit commun, depuis le 1er janvier 2019. Cette extension s’est aussi accompagnée d’une diversification des prescripteurs puisque, depuis le 1er janvier 2016, les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, les sage-femmes, les chirurgiens-dentistes et les médecins du travail peuvent prescrire des substituts nicotiniques.
En 2022, les ventes de traitements d’aide à l’arrêt du tabac réalisées en pharmacie enregistrent ainsi une augmentation de 4,7 % par rapport à 2021 (7 391 895 ventes en équivalents mois de traitement). Le taux des fumeurs quotidiens ayant fait une tentative d’arrêt d’au moins une semaine au cours des 12 derniers mois est quant à lui en baisse en 2022 (24,7 %), alors qu’il était aux alentours de 30 % entre 2019 et 2021 et aux alentours de 25 % entre 2016 et 2019.
Perceptions/opinions
Selon l’Enquête sur les Représentations, Opinions et Perceptions sur les Psychotropes (EROPP), un tiers des Français (34 %) considèrent que le tabac est dangereux dès l’expérimentation en 2018. Après avoir doublé entre 1999 et 2012, cette proportion marque le pas depuis 2012 (41 %). C'est au stade de l’usage quotidien que le tabac apparaît le plus dangereux pour 51 % de Français (contre 47 % en 2012).
En 2017, plus de neuf jeunes de 17 ans sur 10 (95 %) s’accordent sur le fait que fumer est dangereux et ils sont encore neuf sur 10 (93 %) à juger que ceux qui fument un paquet ou plus encourent un risque important. Seuls 8 % de ces jeunes pensent que fumer occasionnellement peut faire encourir un risque important. L’enquête qualitative sur les Attitudes, Représentations, Aspirations et Motivations lors de l'Initiation aux Substances psychoactives (ARAMIS) montre par ailleurs que l’image du tabac est résolument négative et qu’il est fortement stigmatisé par tous les mineurs interrogés, qui ont traversé leur enfance et leur adolescence sous un régime légal interdisant la cigarette dans tous les lieux publics.
- Représentations, motivations et trajectoires d’usage de drogues à l’adolescence. Tendances, OFDT, n° 122, 8 p.
- Drogues : perceptions des produits, des politiques publiques et des usagers, Tendances, OFDT, n° 131, 2019, 8 p.
Cadre légal et orientations publiques récentes
Face aux risques avérés que le tabac représente pour la santé, la promotion et la vente de tabac ainsi que sa consommation dans des lieux publics sont réglementées.
À l’échelle internationale : en 2003, l’Union européenne, comme 25 de ses États membres, dont la France, sont signataires de la Convention-cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT) du 21 mai 2003 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), premier traité international en matière de santé. Le texte fournit un cadre pour des mesures de lutte anti-tabac de plus en plus strictes.
À l’échelle nationale : les différentes mesures prises en France ont fait l’objet d’un déploiement progressif par décrets et par l’intermédiaire de différents plans nationaux : plans Cancer (2003-2007 ; 2009-2013 ; 2014-2019 ; auxquels s’adjoint une stratégie décennale allant de 2021 à 2030 ; Plan national de réduction du tabagisme (PNRT) (2014 à 2019) et Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) de 2018 à 2022, puis de 2023 à 2027. Les mesures s’appuient sur plusieurs grands axes, tels que l’interdiction de fumer généralisée dans les lieux publics, la protection des mineurs, la restriction des règles de manufacture et de commerce et la prise en charge/prévention.
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