Grossesse et substitution. Enquête sur les femmes enceintes substituées à la méthadone ou à la buprénorphine haut dosage et caractéristiques de leurs nouveau-nés

La buprénorphine haut dosage est une alternative valable à la méthadone pour un traitement de substitution chez une femme enceinte, alors que ce médicament n’a pas actuellement l’autorisation de mise sur le marché pour cette indication.

La définition d'une stratégie sanitaire de réduction des risques vis-à-vis de l'héroïnomanie a conduit à une amélioration globale des pratiques et des observations médicales chez les femmes sous traitement de substitution durant la grossesse et chez leurs enfants nouveau-nés.

Chez 259 femmes substituées recrutées dans 35 unités de soins périnataux réparties sur tout le territoire national entre octobre 1998 et octobre 1999, les résultats ont été étonnamment proches de la normale. Le diagnostic et le suivi des grossesses ont été précoces et réguliers. Aucune mortalité postnatale n'a été enregistrée.

Si l'on compare aux données connues en matière d'héroïnomanie durant la grossesse, le taux de prématurité était nettement meilleur (10 % vs 30 à 40 %) et la fréquence des séparations précoces mère/enfant également (4 % vs 30 à 50 %), et ce malgré une fréquence importance des retards de croissance intra utérins (35 %), vraisemblablement liée au tabagisme systématique chez ces parturientes.

L'évaluation des différentes pratiques de substitution s'est basée sur le caractère aléatoire du recrutement des consultations périnatales, et sur l'objectivité des paramètres observés, chez le nouveau né notamment. Mis à part des différences peu ou pas significatives d'âge gestationnel à la naissance et de précocité du syndrome de manque néonatal, il n'existait pas de raisons périnatales de préférer l'un ou l'autre des traitements de substitution réglementaires.

La buprénorphine, plus fréquemment utilisée, offrait des résultats comparables au traitement de référence : la méthadone. L'intensité et la fréquence observées du syndrome de manque néonatal n'étaient pas proportionnelles à la nature ou à la dose de substitution reçue par la mère au moment de l'accouchement. Aucun facteur prédictif individuel n'a pu être mis en évidence pour ce syndrome. A titre anecdotique, l'observation de deux jumeaux présentant des syndromes de manque radicalement différents quelques heures après leur naissance vient illustrer cette constatation.

D'une façon générale, les complications néonatales et plus encore les situations aboutissant à des séparations mère/enfant paraissent avant tout liées à des facteurs sociodémographiques, plus qu'à l'abus spécifique de substances psychoactives.

Type de publication
Rapports
Date de publication
Langue
Français
Auteur(s)
LEJEUNE
Claude
SIMMAT-DURAND
Laurence
Édité par
OFDT
Nombre de pages
142
Drogue(s) et addiction(s)
Alcool
Cannabis
Cocaïne et crack
Héroïne et opioïdes
MDMA/ecstasy et amphétaminiques
Tabac
Thématiques
Prise en charge sanitaire et médico-sociale
Usagers
Population(s) spécifique(s)
Adultes
Femmes / Hommes
Territoires
France
Dispositif d'enquête et d'observation
Enquêtes épidémiologiques