Des produits disponibles malgré la crise sanitaire
En Nouvelle-Aquitaine, le marché des drogues n’a pas été autant modifié par les confinements que ce qu’on aurait pu penser de prime abord. Des fluctuations des prix ont été observées : durant le premier confinement, certains produits ont vu leurs prix légèrement augmenter, comme le cannabis ou la cocaïne. Les produits sont demeurés globalement disponibles, bien que des disparités selon les territoires soient à prendre en compte. La réduction relative de l’offre semble avoir été largement compensée par la diminution de la demande.
L’apparition des arnaques aux cannabinoïdes de synthèse
En fin d’année 2020, ont été rapportées en Nouvelle-Aquitaine comme sur le territoire national des escroqueries où des cannabinoïdes de synthèse (CS) étaient vendus comme du cannabis classique. Les CS sont des molécules de synthèse agissant sur les récepteurs endocannabinoïdes. Leurs effets et leurs puissances diffèrent largement de ceux du cannabis. On retrouve essentiellement au sein des analyses SINTES cette année la molécule MDMB-4en-PINACA.
Évolutions des espaces festifs et des usages de drogues en leur sein
Du fait des confinements et mesures prises pour limiter la circulation du Covid-19, les moments festifs ont été considérablement réduits, les bars et lieux festifs ont à peine pu ouvrir la moitié de l’année 2020. Les soirées privées semblent avoir été moins fréquentes durant les deux premières semaines du premier confinement, avant de reprendre après une sorte « d’effet de sidération », quand les individus ont compris que la crise allait durer. Selon les participants et participantes, il n’y a pas de différence entre les consommations de drogues dans ces soirées privées, et les consommations habituelles des jeunes en espace festif. L’alcool est très consommé, ainsi que le cannabis ; la cocaïne et l’ecstasy sont parfois présents, notamment dans des soirées techno organisées dans des maisons.
Évolutions des conditions de vie et des consommations des usagers en grande précarité
Les personnes en situation de grande précarité ont vu la crise sanitaire intensifier encore davantage la dureté de leurs conditions de vie. Cette précarisation est due à plusieurs facteurs : de nombreuses associations étaient fermées ou fonctionnaient au ralenti, il était plus difficile de pratiquer la mendicité, les structures d’accès aux droits mettaient beaucoup plus de temps à répondre aux demandes. Il était aussi plus compliqué d’accéder à l’hygiène, à l’eau (la mairie ayant coupé l’accès aux points d’eau municipaux au début du premier confinement) et à l’alimentation, les associations proposant habituellement ces prestations ayant suspendu leurs activités au début du confinement du printemps.
La diffusion du Lyrica® et du Rivotril® parmi les publics très précaires se poursuit.
Concernant les médicaments opioïdes, la méthadone est cette année plus disponible que le Skenan®, et l’injection de méthadones gélules, tendance déjà rapportée en 2019, est une pratique qui semble prendre de l’ampleur. Les demandes de prescription d’oxycodone ont augmenté dans les CAARUD, justifiées par des problématiques de douleur, et des blisters vides sont visibles dans des squats. Enfin, les usages hors cadre thérapeutique de Ritaline® se sont intensifiés, et semblent parfois remplacer les consommations de cocaïne, malgré la complexité du protocole de prescription.
Des tensions autour des usagers mineurs non accompagnés qui perdurent
Au sein de l’agglomération bordelaise, des mineurs non accompagnés (MNA) sont présents depuis 2017 ; leur présence s’est amplifiée en 2020. Les MNA usagers de produits psychoactifs consomment souvent du cannabis et de l’alcool, ainsi que du Rivotril® et du Lyrica® en dehors du cadre thérapeutique.