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Que l'on parle d'une substance psychoactive comme l'héroïne ou d'un comportement comme parier au jeu d'argent et de hasard, les mots "dépendance" et "addictions" sont souvent employés de manière indifférenciée. Et pourtant ils n'ont pas exactement le même sens.
Qu'est-ce que la dépendance ?
On parle de dépendance quand l'arrêt brutale d'une substance prise régulièrement entraîne un syndrome de sevrage, c'est-à-dire un malaise plus ou moins intense qui associe en général des symptômes physiques comme des douleurs ou des nausées et/ou un mal-être psychique comme de l'anxiété, l'irritabilité ou encore des insomnies. Cet état peut devenir rapidement insupportable et amener une personne à très vite reconsommer un produit ou à recommencer la pratique compulsive d'une activité. Le syndrome de sevrage est un phénomène transitoire. Le corps et en particulier le cerveau, s'est adapté à l'activité toxicologique d'une substance et il va se réadapter à son absence. Le phénomène de dépendance concerne aussi un certain nombre de médicaments que l'on va arrêter en diminuant progressivement les doses. On décrit aussi des syndromes de sevrage à l'arrêt de certaines activités comme les jeux d'argent et de hasard si elles sont pratiquées de manière intensive.
Qu'est-ce que l'addiction ?
On parle d'addiction lorsqu'une personne a perdu le contrôle d'une consommation ou d'une pratique, qu’elle rechute systématiquement après avoir arrêté et qu'elle souffre considérablement de ses conséquences négatives. Le symptôme qui caractérise l'addiction est le "craving". On le définit comme une pulsion ou une envie impérieuse et irrépressible de reproduire l'expérience à la base de la conduite addictive. Par exemple, reprendre de la cocaïne ou retourner parier, alors qu'on a arrêté depuis 3 mois. Ce craving peut se déclencher quand le cerveau reçoit un signal, qui peut être interne ou externe. Une émotion, un objet ou un geste, que le cerveau associe à l'expérience dont on est addict. Cet état peut durer des années, bien au-delà d'un éventuel sevrage. Surtout, le rôle toxicologique du produit, qui est au premier plan dans la dépendance, est secondaire dans le processus qui mène à l'addiction, ce qui explique qu'il y ait des addictions sans produit. L'addiction découle de l'interaction entre de nombreux facteurs, en particulier des vulnérabilités personnelles, qu’elles soient génétiques ou psychologiques, et un contexte favorisant, comme des maltraitances subis dans l'enfance, un entourage qui consomme, la facilité d'accès à une substance ou à toutes les activités, par exemple disponibles sur les smartphones.
Quels liens entretiennent les deux termes ?
La dépendance est le plus souvent un des symptômes qui apparaît au cours du processus qui mène à une addiction. A l'inverse, une dépendance ne s'accompagne pas systématiquement d'addiction. Finalement, le glissement fréquent entre les termes "dépendance" et "addiction" est assez compréhensible puisque le mot "addiction" a émergé au cours des années 1990 pour remplacer celui de "dépendance psychologique" ou "psychique" qui était justement source de confusion, et pour marquer le rôle secondaire des substances consommées.