Historique
Les pratiques addictives des personnes détenues retiennent l’attention des pouvoirs publics et sont mentionnées comme une priorité de santé publique dans la feuille de route « Santé des personnes placées sous main de justice » 2019-2022. Cependant, il n’existait toujours pas, avant 2023, de dispositif d’enquête pérenne permettant de fournir aux pouvoirs publics et à la communauté académique des indicateurs suivis des usages de substance psychoactive et de la santé en milieu carcéral, à partir d’un échantillon représentatif de la population détenue.
Les seules enquêtes récentes sur les usages de drogues en prison ne fournissent que des données limitées à une zone géographique définie, à un type d’établissement ou à une durée d’incarcération. Dans ce cadre, l’Observatoire français des drogues et des pratiques addictives (OFDT) a souhaité développer un dispositif d’enquête aléatoire à l’échelle du territoire hexagonal : l’Enquête sur la santé et les substances en prison (ESSPRI) est la première enquête statistique sur les consommations de drogue en prison, représentative de la population des hommes détenus en France hexagonale incarcérés depuis plus de 3 mois et âgés d’au moins 18 ans, toutes durées de peine, tous types d’établissements et tous statuts pénaux confondus.
Partenariats
Les partenaires institutionnels et scientifiques de l'enquête sont le ministère de la Justice (Direction de l’administration pénitentiaire), le ministère de la Santé (Direction générale de la santé, Direction générale de l’offre de soin), l’Inserm, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) et l’Institut national d'études démographiques (Ined).
Objectifs
L’enquête ESSPRI a pour objectif de mieux connaître la santé des personnes détenues et de fournir des données de prévalence concernant l’usage de substances psychoactives par les personnes détenues en France. Les données de cette enquête permettront de proposer des comparaisons entre les résultats de cette enquête et les données de santé et d’usages en population générale française et européenne.
Méthodologie
L’enquête consiste à interroger un échantillon représentatif de personnes détenues tirées au sort par la Direction de l’administration pénitentiaire. La passation des questionnaires auto-administrés et anonymes s’effectue, par groupe de 5 à 10 détenus, sur tablette numérique dans une salle d’activité des établissements pénitentiaires concernés par l’enquête.
Le questionnaire comprend une centaine de questions regroupées selon cinq thématiques : situation personnelle et caractéristiques sociodémographiques ; conditions de vie en détention ; usage de substances psychoactives licites et illicites ; jeux d’argent et de hasard ; état de santé.
Première vague de l’enquête (2023)
Après des pilotes réalisés en établissement pour peine en 2021 et en maison d’arrêt en 2022, le premier volet de l’enquête a été réalisé entre avril et juin 2023, dans le cadre d’un financement du Fonds de lutte contre les addictions. Plus 1 000 personnes détenues ont participé à cette enquête.
Les premiers résultats de l’enquête ESSPRI sont parus en mai 2024. Ils ont vocation d’une part à objectiver une situation, connue du monde académique et des pouvoirs publics mais insuffisamment documentée, et d’autre part à proposer une approche reproductible à l’échelle nationale et au niveau européen, selon un cadre méthodologique reconnu et rigoureux.