Pratiques et représentations émergentes dans le champ de l'usage de drogues en France

Une équipe de 4 jeunes chercheurs en sciences sociales du LIRESS a réalisé cette investigation ethno-sociologique à partir de 40 entretiens semi-directifs et 21 observations de terrain afin de restituer les pratiques et le point de vue des usagers de drogue en dehors de tout jugement de valeur ou militantisme politique. Un dispositif d'enquête a été mis en place entre avril 1999 et mai 2000 à partir de 4 pôles régionaux : Ile de France, Rhône-Alpes, PACA et Languedoc-Roussillon. L'étude s'intéresse à un certain nombre de produits psychoactifs considérés par hypothèse comme émergents dans la mesure où la recherche en sciences sociales n'en avait pas encore détaillé les usages actuels. Il s'agit du speed, de la cocaïne, de la kétamine, de l'héroïne, du rachacha et d'une catégorie de substances labellisée "produits rares" : Datura, PCP, DMT, GHB, 2CB. Le milieu techno s'est imposé comme le modèle d'exception pour recueillir des données ethno-sociologiques. Si le polyusage y est de mise, les usages en eux-mêmes obéissent à une double complexité : diversité des produits disponibles sur le marché et variété des trajectoires ou comportements d'usage. Quant à la nature des entretiens réalisés, ils témoignent d'une critique, cohérente et solide à l'encontre du système d'organisation global de la société actuelle tandis que les notions de "risques" ou de "danger" en lien aux usages psychoactifs sont loin d'être prédominantes. D'une manière générale, le fait de consommer une ou plusieurs drogues est rarement associé à un vécu de dégradation et/ou de dépendance (physique ou psychologique). La circulation des informations sur les produits psychoactifs -quant à elle- se transmet oralement par les pairs et gagnerait à être confrontée aux "savoirs scientifiques" afin d'éliminer une certain nombre de parasites que constituent les approximations et les rumeurs.